(Octobre 2009)

Pour certains, et c’est comme ça qu’elle a été abordée dans PROTEGOR, la self-défense est une attitude associée à un ensemble de principes & techniques à apprendre & à répéter. Pour d’autres, et c’est comme ça qu’elle est envisagée par les passionnés d’arts martiaux, la self-défense est l’aboutissement d’une pratique assidue d’arts de combat. C’est l’approche personnelle de Michael Illouz, jeune professeur de Penchak Silat à l’Académie Franck Ropers, ancien militaire et actuellement étudiant en criminologie. Surprenant de maturité & de connaissance sur les sujets qui nous passionnent (arts martiaux, self-défense, armes blanches, armes à feu, sophrologie, préparation physique, profiling, etc.), Michael a bien voulu répondre à ces quelques questions et à partager certaines de ces techniques au travers des séquences de self-défense illustrée régulièrement publiées sur ce blog.

Protegor : Michael, peux-tu nous dire quand, comment et pourquoi tu as commencé la pratique des arts martiaux ? Quelles disciplines as-tu étudiées par la suite, et pourquoi ces disciplines ?
Michael Illouz : Je commence le karaté dès l’âge de 6 ans, comme beaucoup d’enfants, et je le pratique durant 7 années. L’été de mes 13 ans, grâce à un oncle vivant à Taiwan, je pars rejoindre un maître de Kung Fu en pensant pratiquer une forme des plus traditionnelles et je découvre au lieu de cela, le Sanda. Ce fut ma première expérience du combat de contact. Je m’entraînais 10h par jour et assistais a ses cours donnés à l’armée et à la police sans pour autant y participer. Ce fut aussi mon premier regard sur la forme opérationnelle du combat. Deux mois passés, je rentre en France bien décidé à me rapprocher le plus de la réalité du combat. Je commence alors la boxe thaïlandaise, mais quelque chose me manquait. Durant ma deuxième année de pratique, sur les conseils d’un ami je découvre le penchak silat. Les cours étaient dirigées par celui qui deviendra mon professeur et mentor. Sous sa tutelle je vais m’entraîner durant 12 ans et ainsi découvrir une forme non pas dans la plus pure tradition, mais, comme il le dit lui-même, adaptée et personnalisée. La méthodologie d’apprentissage m’a permis de développer un style instinctif et personnel, ancré par ce que j’appellerais l’esprit tactique. J’étudie en parallèle le WingChun, très présent dans mon style, le Kali, ainsi que la boxe et plus récemment le Karaté Kyokushinkai.

Michael Illouz (Silat, Self-Défense)

Protegor : Si tu devais recommencer ton parcours de disciplines / professeurs, choisirais-tu le même ?
MI :
Concernant ce parcours la seule chose que j’aurais aimé changer serait peut être de commencer plus tôt certaines disciplines, mais dans l’ensemble, toutes les rencontres que j’ai pu faire m’ont apporté quelque chose.

Protegor : Aujourd’hui, selon toi, quels types de pratique manquent à ton cursus ?
MI :
Il manque sûrement encore beaucoup de choses à mon cursus. Mais selon moi, c’est une pratique plus cérébrale qui me manque. Quand je dis cérébral, je pense interne. En effet à un certain stade on commence à se poser des questions différentes quant à sa technique, particulièrement lorsque l’on enseigne, et la self défense n’y fait pas exception. Je m’entraîne 5 heures par jour et ai la chance, par le biais de mes études, d’étudier le comportement et l’influence de la psyché sur la personne. Je cherche juste à parfaire ma technique, mes réflexes, ma condition physique, par un travail plus tourné sur le mental. Un jour un grand pratiquant m’a dit une chose ; je lui ai posé la question « pratiquez vous l’interne ? » et il m’a répondu qu’un basketteur s’entraînant aux tirs au panier mobilisait toute son attention dans chacun de ses tirs et donc qu’il pratiquait l’interne, et que lui dans chacun de ces coups de poings faisait de même. A méditer… Pour le reste, il me manque aussi la pratique du tir. J’ai fait pas mal de tir, étant militaire et je pense que toute technique s’appliquant entre 0 et 25 mètre, à main nu ou au P.A. (ndlr : Pistolet Automatique) est bonne à connaître et bien entendu à pratiquer.

Protegor : Dès que l’on te rencontre, on sent une passion profonde pour les arts martiaux, ancrée dans ton quotidien. Tu enseignes entre autres la self-défense, mais ce n’est pas le seul aspect qui t’attire dans les disciplines que tu pratiques. Quelle place tient la self-défense dans ta pratique ?
MI :
Je place la self-défense, dans ma discipline, comme le tronc commun de ma technique. La self-défense pour moi, ça n’est autre chose que le prolongement des techniques de salle, vers leur utilisation réelle. En fin de compte, la “self-défense“ est l’aboutissement de l’art martial, donc l’art martial lui-même. En somme, nous avons dissocié l’art martial, jugé non adapté, de la self-défense, elle jugée plus réaliste. Ma pratique ne différencie pas les deux. En effet, je recherche dans chacune de mes techniques, une potentielle application opérationnelle. Pour le reste je cherche à être le plus complet possible, autant sur le plan physique que psychologique. Ainsi, à mes yeux un combattant complet doit pouvoir travailler en boxe pied-poing (confrontation, travail des réflexes, souffle), la lutte / corps-à-corps (équilibre, souffle encore, et dimension souvent retrouvé en combat), et enfin « self » ou technique d’action immédiate (travail de mise en situation et de neutralisation, ainsi que travail des armes). S’ajoute à cela l’entretien physique pour le côté sportif, course à pied, renforcement musculaire (pliometrie, travail de vitesse, précision, coordination, agilité, etc.).
Dans mon cas, j’ajoute le travail de la méditation par la pratique du zen, rien de mystique, ça n’est qu’un travail de concentration, et un formidable exercice cérébral. En fin de compte, je m’applique à enseigner ma discipline comme un Budo et j’essaie d’apprendre de chaque professeur (tous styles confondus). Mon quotidien c’est la voie du combat dans sa globalité, et la self défense fait part avec le reste.

Protegor : Pour nos fans d’EDC, as-tu des objets dont tu ne te sépares pas & qui te sont utiles pour ta sécurité perso ?
MI :
Donnant des cours toute la journée, mon sac est remplis d’objet pouvant servir a ma propre défense, mais si je devais choisir, je dirais un Yawara en bois qui ne me quitte jamais.

Protegor : Pour conclure, si tu devais donner un conseil à un néophyte qui n’a jamais pratiqué d’arts martiaux ou de sports de combat et qui n’est attiré que par le besoin de se défendre, lequel serait-il ?
MI :
Mon conseil serait qu’il n’est jamais trop tard pour commencer, et qu’il doit choisir méticuleusement son ou ses professeurs, en fonction de ses besoins et attentes. Dans mon cas, l’Académie dont je fais partie n’enseigne pas la sécurité, il y des professionnels pour ça, elle n’enseigne pas non plus le Silat dans la plus pure tradition, d’autres sont bien meilleurs pour ça. En revanche nous enseignons un style de Silat qui suit un protocole de formation parfaitement adapté au néophyte comme au confirmé dans d’autres domaines. Cette méthodologie ne se substitue pas à d’autres disciplines bien spécifiques, mais offre indéniablement au pratiquant l’accès à des techniques d’auto-défense efficaces et accessibles, lui permettant une vraie personnalisation de son style en fonction de sa taille, sa force ainsi que son expérience. Je finirai donc sur ce conseil, chaque Art martial, méthode de self, sport de combat, ou bien même professeur, convient à certains, et pas à d’autres, le mieux c’est de venir essayer !

Pour pratiquer avec Michael Illouz, rendez-vous sur www.academiefranckropers.com.