Jean CarrilloJean Carrillo est né en France, mais a décidé, il y a maintenant 14 ans, de partir vivre aux Etats-Unis, à Los Angeles. Il  est à l’origine d’une méthode baptisée « Strike Combat System », qu’il enseigne à certaines forces de l’ordre et compétiteurs de MMA. Il m’est apparu intéressant de demander à son créateur de nous expliquer les spécificités de sa discipline en matière de sécurité personnelle et de self-défense.

PROTEGOR : Jean, succinctement, qu’est-ce que le Strike Combat System ?
Jean Carrillo :
Le Strike Combat System est une méthode de combat basée sur mon expérience personnelle. J’ai vécu et grandi dans le quartier sud de Toulouse, le quartier de « La Faourette ». Je connais très bien le vice des quartiers car j’y trainais souvent. Une chose est sûre, tous les gens que j’ai agressé, frappé… ont toujours été pris par surprise. Je n’ai jamais attaqué quelqu’un en me disant avant « tiens je vais m’en prendre à lui, il va peut-être bien me casser la mâchoire, me mettre KO et me casser quelques os mais je vais quand même essayer ». Le Strike Combat System a été mis en place ici, aux USA, après plus de 6 années de recherche, en faisant des patrouilles avec les forces de l’ordre, en regardant des vidéos, en lisant des témoignages, en participant à des auditions, en visitant des prisons… Au final, je me suis surtout aperçu durant les interventions de mes « collègues » que la violence ici aux USA est poussée au maximum dans le vice et cela a remis ma conception de la Self-Défense en question et je me suis aperçu que la majorité de mes mouvements manquaient d’efficacité en situation de stress…

Jean Carrillo

PROTEGOR : Nous avons échangé précédemment sur des principes de self-défense (ndlr : pour un autre article). D’où tires-tu ces principes ?
Jean Carrillo :
Encore une fois, le Strike Combat System c’est 6 ans de recherche, et je me suis basé sur des expériences très diverses. Tout d’abord, étant un ancien délinquant d’un quartier chaud de Toulouse, j’ai agressé des personnes, j’ai volé et pour l’anecdote étant pauvre et sans père, quand je voulais quelque chose j’ allais le chercher souvent de force — j’ai même agressé le postier ! Je me trouvais donc de l’autre côté de la barrière et je savais comment je devais opérer pour réussir. Dans un cadre plus social, j’ai aussi enseigné le close combat au 1er RIMA à Angoulême et à Mayotte dans le DLEM (Division de la Légion Etrangère) avec Mr Adams Ouedrago, Champion du Monde militaire de boxe anglaise. Puis les USA m’ont permis de découvrir une autre sorte d’ agressions en patrouillant avec les forces de l’ordre que j’entraîne maintenant depuis plus de 10 ans. Je suis à titre d’information, celui qui a amené la boxe thai et le kick-boxing dans le sud de la France. Mon ancien club, le CBC Carrillo Boxing Center a été à l’origine de plusieurs champions de France & d’Europe. J’avais plus de 250 élèves et la majorite étaient issue des quartiers.

strikecombatsystemPROTEGOR : Pour être honnête avec toi, j’ai découvert le Strike Combat System un peu par hasard sur le net, et l’image première, le logo (une tête de mort cagoulée) m’a semblé bien agressif – pourquoi un tel logo ?
Jean Carrillo :
Le logo est très simple : chaque agression peut finir par la mort. Certains vont dire que c’est un peu poussé mais quand tu vois de nos jours aux informations nationales qu’un père et son fils ont été poignardés entraînant le décès du fils alors qu’ils tentaient de neutraliser une personne qui cassait des voitures pour voler les autoradios… Je pose une question toute simple : est ce que la personne avec le couteau était partie avec l’idée de tuer ? Ou est ce que la victime ne pensait pas que cela atteindrait ce niveau de violence ? Aux USA on a un proverbe qui dit : Mieux vaut être jugé par une personne, que d’être porté par six personnes.

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PROTEGOR : Le Strike Combat System semble couvrir beaucoup d’aspects, comment structures-tu tes cours pour couvrir un spectre aussi large de disciplines ?
Jean Carrillo :
Mes méthodes de défense sont basées sur les réflexes naturels du corps humain. Prenons un exemple : tu mets en face de moi les meilleurs boxeurs du monde, je leur parle, quelqu’un arrive derrière eux avec un fusil à pompe et tire en l’air. Personne ne va se retourner en montant les poings. Tout le monde mettra les mains au niveau du visage et se baissera. Mais la garantie est qu’ils monteront leurs mains tout de suite au visage pour se protéger. Veux-tu savoir pourquoi ? Parce que les sens les plus importants chez l’être humain sont au niveau du visage : audition, vision, odorat, équilibre, respiration. Ceci est un réflexe naturel. Savez vous que toutes les personnes qui ont été abattues (exécution) avec une balle dans le visage, ont toutes des impacts dans les mains, poudres… car les mains montent par reflexe pour se protéger.

PROTEGOR : Concrètement, un débutant qui vient dans un club de Strike Combat System va commencer par faire quoi ?
Jean Carrillo :
Il va travailler sur ses réflexes, on va l’accompagner à adapter ces derniers et non les lui enlever. On va lui apprendre à développer son agressivité, sa précision de frappe, son travail dans une situation de stress, les techniques de frappe et les zones sensibles pour faire mal en premier.

PROTEGOR : J’ai vu que les aspects pré-conflits étaient aussi abordés, en particulier la négociation avec l’agresseur, la gestion du stress, etc. Peux-tu partager avec nous quelques exemples d’exercices utilisés en Strike Combat pour s’entraîner à cela ?
Jean Carrillo :
Oui, prenons un exemple que l’on voit en cours de Self-Défense. Portons une attaque à la personne et celle-ci se défend en répondant avec une technique. Prenons cette même personne, on l’insulte de façon très violente, on la saisie très violemment, et si l’agresseur joue bien son rôle, la personne qui se défend sera déboussolée car elle n’a pas été préparée à réagir à des insultes, à une telle pression dans un environnement finalement différent de celui habituel d’une salle d’entraînement… Tous les instructeurs que je forme et qui viennent de différentes disciplines de self-défense sont stupéfaits par ce qu‘ils voient durant mes séminaires.

PROTEGOR : En Strike Combat, le shocknife (couteau à décharges électriques) fait partie de la panoplie d’entraînement… quels sont les avantages et inconvénients de ce type d’entraînement ?
Jean Carrillo :
Les avantages sont très simples : on ne travaille plus de la même façon. Je tiens à préciser qu’avant chaque cours où j’introduis le shocknife, je montre des photos de personne qui ont été coupées aux couteaux pour leur faire comprendre que le couteau et la défense, ce n’est pas un jeu. Quand je montre les photos j’ai toujours les mêmes réactions « oh putain, oh mon dieu… ».

PROTEGOR : As-tu des conseils de self-défense ou d’entraînement pour les lecteurs de PROTEGOR ?
Jean Carrillo :
Oui. Etudiez la psychologie de l’agression, la manipulation des gens et surtout développer votre agressivité. Pour gagner dans la rue il faut être plus vicieux que l’agresseur. Retenez deux points concernant l’agresseur :
1 / il ne veut pas se faire arrêter,
2 / il ne veut pas que vous lui fassiez du mal.
Plus vous gagnez du temps et plus il aura peur de se faire arrêter.
Plus vous le frappez violemment dans les zones sensibles du corps et plus le doute s’installera chez lui.
Rappelez-vous,  l’agresseur vous a choisi car il pense que cela va être facile et que vous êtes une victime facile, très bien, réconfortez-le dans sa décision et mettez son égo en valeur, mais quand sa vigilance est au plus bas, alors c’est à ce moment là qu’il faut frapper !

Merci a toi de m’avoir donné l’opportunité de présenter le Strike Combat System et merci aux lecteurs de Protegor.

Merci Jean !


bailleul0ZOOM — Arnaud Bailleul, instructeur de Strike Combat System dans la Sarthe

PROTEGOR : Pourquoi t’être tourné vers le Strike Combat System ?
Arnaud Bailleul :
J’ai pratiqué plusieurs disciplines martiales telles que le judo, le karaté ensuite je me suis tourné vers des sports de contacts tels que le muay thaï et la boxe anglaise où il y avait plus d’impacts. Mais je ne trouvais pas exactement ce que je recherchais donc je me suis tourné vers la pratique de la self-défense avec le Strike Combat et le Krav Maga qui sont 2 méthodes de self-défense différentes. J’ai donc effectué un stage d’instructeur de Strike Combat avec Jean Carillo. Ce système de défense m’a tout de suite séduit par la simplicité et l’efficacité des techniques. De plus le contact est bien passé avec Jean qui nous a dispensé une formation de qualité.

PROTEGOR : As-tu des EDC particuliers & des conseils sur ce sujet ?
Arnaud Bailleul :
Personnellement je porte une griffe (j’en ai deux, 1 modèle de Fred Perrin dont la renommée n’est plus à faire et la Moon Kiss de Bastinelli Créations donc j’en change régulièrement). Bien entendu je le rappelle ceci est un choix personnel car il est strictement interdit par la loi de porter un couteau. Le problème de la griffe portée autour du coup est qu’en cas de combat l’agresseur peut saisir la paracorde ce qui peut engendrer un étranglement. Sinon je porte aussi une lampe tactique LD 10 de la marque Fenix. Il n’y a pas plus puissant dans cette petite taille avec une pile standard AA LR6. Elle dispose de plusieurs modes : faible puissance (9 lumens) pendant 34h, puissance moyenne 47 lumens pendant 6h, forte puissance 94 lumens pendant 2h, mode Turbo de 120 lumens pendant 1h30, mode stroboscopique et mode S.O.S.. C’est une lampe également étanche à la pluie. Très pratique car elle a une bonne prise en main pour frapper et un éclairage puissant qui peut servir pour l’aveuglement d’un agresseur.

EDC Arnaud Bailleul

PROTEGOR : Quel est le profil de tes étudiants ?
Arnaud Bailleul :
Parmi les pratiquants on retrouve toutes sortes de profils des hommes, des femmes, des étudiants pour la plupart débutants qui cherchent un moyen de se défendre mais aussi qui leur permettent de prendre confiance en eux et ceci par le biais du Strike. On y trouve également des personnes ayant pratiqué 1 ou 2 ans voir quelques confirmés dans d’autres sports pieds-poings ou arts martiaux tel que le  Karaté,  le Viet Vo Dao, la boxe anglaise, la boxe thaï, etc. On peut aussi trouver des personnes ayant été victimes d’agression qui veulent apprendre à se défendre.
En bref dans le Strike on trouve un échantillon très varié de la population.

Vous pouvez contacter Arnaud par mail : strikecombat72[@]gmail.com.
http://strikecombatfrance.wix.com/strikecombatsystem