Jean Joseph-Renaud et Louis Lerda au Père Lachaise

Les lecteurs de Protegor connaissent Jean Joseph-Renaud qui est cité comme référence en début de l’ouvrage pour son excellent « La défense dans la rue », publié en 1910, et véritable précurseur de la self-défense et de la sécurité personnelle en France. Il est toujours bien de rappeler que l’on n’a rien inventé et que les réflexions sur la sécurité personnelle datent de la nuit des temps, les principes restent, leurs applications peuvent varier un peu selon les époques, les lois, etc. Jean Joseph-Renaud, auteur de nombreux ouvrages, pratiquait la boxe, l’escrime et le jiu-jitsu.

Les habitués des réseaux Protegor suivent depuis plusieurs mois l’aventure DOJO 5, la plus ancienne salle d’arts du combat de la capitale. Créée en 1909 (par Louis Doërr), cette salle de sports de combat était une salle de boxe anglaise à l’origine, qui de 1912 à 1997 a été gérée par la famille Lerda, notamment sur la première moitié du XXe siècle, par Louis Lerda, « Kid Adler » quand il combattait aux Etats-Unis dans sa jeunesse, pionnier de la boxe professionnelle en France, puisque le premier à avoir organisé une soirée de boxe avec billetterie (dans la salle Wagram, en 1901). Louis Lerda est devenu entraîneur et manager de champions.

Quel est le point commun entre ces 2 références qui ont influencé les disciplines de combat en France ?
Ils sont enterrés au Père Lachaise, et jusqu’à peu, dans le quasi anonymat. Mais grâce au réseau Protegor (merci Rémy, qui travaille au CPL), un peu de lumière est remise sur ces personnalités.

Je ne vous cache pas ma tristesse quand j’ai réalisé un article pour le numéro 42 de Survival Magazine sur Jean Joseph-Renaud ; en lisant de nombreux articles de lui et sur lui, j’avais appris qu’il était enterré au CPL (Cimetière du Père Lachaise). Je leur ai adressé un email, et ils m’ont rapidement indiqué la localisation de la tombe. J’y suis allé. Je n’ai pas trouvé. Je suis allé voir les archives du cimetière sur place, qui à nouveau très sympathiquement, m’ont montré exactement où se situait la tombe sur un plan. Je suis arrivé devant la tombe. Un livre en porcelaine faisait office de seul ornement. Une tombe sombre sans aucune inscription. Je vérifie le numéro à la base, c’est bien la bonne. Je la regarde sous tous les angles. Et un peu en dessous du livre en porcelaine, je distingue des formes de lettres gravées dans la pierre recouvertes par des mousses sèches. Je frotte un peu. C’est bien Jean Joseph-Renaud (JJR), à moitié effacé, totalement oublié. En effet, j’avais lu qu’il n’avait pas eu de descendance ni de famille proche. Je me dis « me voilà devant la tombe de cette personne qui est une référence pour moi, pour Fred mon co-auteur (qui était le premier à avoir voulu faire référence à JJR dans Protegor), et bien d’autres… mais sa sépulture est oubliée de tous ».

Avec Louis Lerda, c’est un peu différent, il a eu de la famille, dont un fils, William, qui avait repris la « salle Lerda » avant qu’elle soit rebaptisée DOJO 5 par Sadek Mazri (8e dan de Karate) lors de sa reprise. Quand Michaël Illouz et moi-même décidâmes de reprendre la direction du DOJO 5, c’était après un coup de coeur personnel sur cette salle, pendant le confinement de 2020 et des heures passées sur Gallica (la BNF, je ne vous serai jamais assez reconnaissant). Micka et moi avions décidé, l’été précédent notre première rentrée au dojo, d’aller voir la sépulture de celui qui avait lancé la salle à ses débuts, et de le remettre à l’honneur dans le dojo, aux côté des maîtres japonais, chinois et indonésiens qui sont à l’origine des arts martiaux que proposent le dojo.

Rémy, qui travaille au CPL, participe à un stage Protegor ; nous sympathisons, il me dit qu’il travaille au CPL… et là je lui déballe mes découvertes et un bout de ma tristesse pour JJR. L’information remonte, résultat : Jean Joseph-Renaud et Louis Lerda sont mis en avant, avec d’autres « Personnalités de l’histoire du sport au cimetière du Père Lachaise », dont voici la liste, notamment pour les prochaines Journées du Patrimoine (16-17 septembre 2023) :

Vous verrez aussi dans la liste aussi quelques autres noms, judoka, maîtres d’armes… et jusqu’à notre très regretté Michaël Milon, décédé beaucoup plus récemment que les autres, et qui marqua le karaté français et mondial.

Si vous n’êtes jamais allé au Père Lachaise, allez-y, ce n’est pas un cimetière comme vous imaginez, c’est un lieu qui réconcilie avec la mort, et en prenant l’axe de ces personnalités du combat, votre promenade aura un but. Et si vous connaissez déjà le CPL, retournez-y pour saluer ces oubliés.

Vous connaissez d’autres personnalités des arts du combat qui sont au CPL ?