Dès 1899, puis réedité entre autres en 1908, le Guide des Plaisirs à Paris présentait les endroits pour sortir dans la capitale, les bars, les bals, les restaurants, les bouillons, les théâtres, les opéras, etc. le document est riche et illustré, c’est un délice pour re-découvrir Paris et se rendre compte que pas mal d’institutions sont restées, voici les liens pour consultation :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k124915s
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63786168

Un chapitre est dédié aux « Petits conseils » de sécurité personnelle, notamment à destination des « trucs » ou « ficelles » utilisés par mesdames pour séduire et arnaquer les monsieurs. Oui c’est genré et tout, mais on est en 1908. L’intérêt est ici de voir les « trucs » de l’époque et comment les gens se faisaient escroquer.

Petits Conseils ; Les femmes qui s'amusent (dans Le Guide des Plaisirs à Paris, 1899)

Voici l’extrait du passage en questions :

PETITS CONSEILS

Parmi les projets du voyageur qui se dirige vers Paris, un de ceux qu’il caresse avec le plus de plaisir au dedans de lui-même est certainement celui de faire connaissance avec « la Parisienne » — qu’il ne connaît que par les livres, le théâtre et les on-dit— et d’étudier lui-même et de très près, ce monstre charmant, dans son cœur, ses mœurs, son caractère, etc., etc.

Mais que celui qui n’a point de relations mondaines à Paris qui lui permettent de voir et de coudoyer de « vraies Parisiennes » se garde bien de prendre pour telles toutes les jolies femmes d’allure coquette, de sourire encourageant et d’abord facile qu’il rencontrera au bois, au théâtre, au café, sur le boulevard, aux expositions, aux courses, etc.

Il emporterait alors de cruels regrets et partirait allégé au moral et au physique, d’illusions et de billets bleus !

Donc, à l’usage de l’étranger qui veut poursuivre quelque aventure galante sans lendemain, nouée au cours d’une rencontre fortuite, il sera bon de résumer en quelques lignes, les principales fourberies, les ficelles et les trucs employés couramment par ces dames pour soutirer très élégamment et très habilement quelque argent à l’innocent non prévenu que leur flair leur révèle bien vite.

La ficelle de la consommation consiste, une fois « le Monsieur » attiré à sa table, au café, et une fois sûre qu’il n’y a rien à faire avec lui, à s’en aller brusquement avec un bref adieu, en laissant à régler au « Monsieur » en plus des consommations qu’il a offertes si généreusement, celles que la « Dame » et ses amies, ont prises au courant de la soirée — et elles sont nombreuses!!!

La ficelle du bouquet, consiste à se faire offrir un bouquet par le « Monsieur » qui cause avec vous, et une fois celui-ci éloigné, à le revendre à demi prix à la bouquetière. Il y a des bouquets qui se vendent et se revendent ainsi dix fois dans une soirée.

Du reste, dans les bals publics et la terrasse des cafés, il suffit qu’un « Monsieur » soit avec une « Dame » pour qu’aussitôt une nuée de camelots et de marchands de bibelots de toutes sortes viennent vous assaillir et offrir à votre compagne un tas d’objets hétéroclites, que vous ne manquez pas, en galant homme, de lui offrir au moindre désir exprimé. Or, le désir est toujours exprimé, et l’objet toujours revendu ensuite à demi prix.

La ficelle aux W. C., consiste à demander, dans un bal, au théâtre, les 15 centimes nécessaires à la petite opération, la « Dame » ayant oublié son porte-monnaie. Vous donnez naturellement une pièce blanche, — et la « Dame » arrive ainsi facilement à se faire une quinzaine de francs dans sa soirée en s’adressant à différents bons types.

La ficelle du sapin (voiture). Méfiez-vous de la dame que vous voulez promener ou conduire quelque part et qui a « justement une voiture qui l’attend ». Arrivé à destination, le cocher vous réclame en sus cina ou six heures de courses antérieures à la vôtre — et vous n’avez rien à dire.

La ficelle au cabinet particulier. Vous dinez seul ou avec un ami en cabinet particulier. Méfiez-vous de la « Dame » qui entre tout à coup sans frapper et qui aussitôt, avec un sourire exquis, s’exclame « Ah pardon ! je me suis trompé. » Ne la retenez pas à souper : le garçon vous a indiqué comme un type à faire et la leveuse au cabinet lui donnera le lendemain une forte commission.

En cabinet particulier, il est toujours prudent de n’avoir pas un porte-monnaie trop garni et de ne pas le laisser voir à ces dames qui y puisent ordinairement comme s’il était à elles. Enfin gardez-vous de vous laisser enivrer de vin!

Méfiez-vous, également, à l’hôtel, de la jeune et jolie blanchisseuse qui entre brusquement chez vous le matin, sans frapper, et qui aussitôt s’écrie qu’elle s’est trompée. N’entamez point conversation avec elle. C’est justement ce qu’elle cherche — et le garçon d’hôtel l’a bien renseignée.

Enfin, à domicile, chez « la Dame » ne tombez pas dans certain panneaux qu’elle ne manquera pas de vous tendre si elle flaire en vous un innocent. Ne « coupez » pas dans la ficelle du terme qui consiste, justement à l’instant où vous avez droit d’être le plus satisfait de vous-même, à faire monter un faux concierge avec une fausse quittance à la main, qui réclame bruyamment son dû sous peine de saisie. Et « madame » joue si bien l’abomination de la désolation que vous vous laissez apitoyer et que vous sortez votre portefeuille.

Méfiez-vous également des fournisseurs qui viennent porter leur note et crier très fort au moment de votre visite.

Certaines « dames », très intelligentes, ont même été jusqu’à jouer la comédie de la saisie, avec un faux huissier et des faux déménageurs, qui faisaient brutalement interruption dans le boudoir pour enlever les meubles sur lesquels « le Monsieur » était très convenablement installé.

Bien entendu que celui-ci faisait tout de suite le nécessaire pour désintéresser le fâcheux intrus.

Tous ces « trucs » sont classiques. Oh ! étranger amateur de « Parisiennes », oh ! voyageur innocent, retiens-les et méfie-toi et flaire toutes ces conspirations contre ta bourse. Mais dis-toi bien que ces « Parisiennes »-là — heureusement qu’il y en a d’autres ! — ont une imagination du diable et que malgré toi, sans t’en douter, quoique tu fasses ou ne fasses pas, tu seras toujours régulièrement fourré dedans par « Dames ! »

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