Le 17 mars 2019, un terroriste (« a priori » l’australien Brenton Tarrant, inculpé/accusé, pas encore condamné au moment de la publication de cet article) a tué une cinquantaine de personnes dans deux mosquées. Juste avant, il avait publié un manifeste complotiste, et il a filmé et diffusé en direct ses attaques.

La vidéo a été largement diffusée, et très rapidement supprimée par Facebook et autres géants de l’internet. Cette vidéo est choquante et il est compréhensible que des efforts importants aient été faits pour ne pas qu’elle se répande et ne serve de propagande à d’autres terroristes en herbe et déséquilibrés de tous poils, d’autant qu’une des motivations de ces derniers est la « minute de gloire », pouvoir une fois dans leur vie de loser, être mis sur le devant de la scène des actualités. Il est aussi important, pour le respect des victimes & de leurs familles, qu’elle soit retirée.

J’ai pu visionner une version de cette vidéo, une version de 6 minutes environ (alors que l’enregistrement complet original fait dans les 17 minutes). Je ne fournirai pas le lien ni la vidéo aux demandes même privées pour ne pas participer à sa diffusion.

Cette vidéo présente un seul intérêt : voir comment une attaque d’un active shooter peut se passer en vrai, pour en tirer des enseignements de survie. Mis de côté l’horreur de la situation et l’envie de la plus grande peine que la justice Neo-Zélandaise puisse infliger à cette ordure, j’ai essayé de regarder la vidéo à froid et d’en tirer quelques leçons que je vous livre. Toujours plus facile à faire derrière son ordinateur que sur place, mais il faut bien analyser et visualiser les situations en amont si l’on veut maximiser les chances de bonne réaction si un jour… :

  • Alerter la police sans hésiter… quand on voit un type avec une arme (et tant pis pour les airsofteurs). Au début de la vidéo, le tireur sort de sa voiture avec un fusil à pompe et un fusil d’assaut équipé d’un stroboscope (bien visible donc), et passe devant des passants, des personnes qui sortent d’une voiture… avant d’entrer dans le bâtiment et commencer sa fusillade. J’espère que c’est 3-4 témoins d’avant les tirs ont rapidement composé le 111 (numéro d’urgence en Nouvelle Zélande), chaque seconde pouvant avancer l’intervention des forces de l’ordre pouvant sauver des vies
  • Ne pas se croire sauvé quand on a survécu au premier contact avec le tireur.  Un active shooter peut revenir sur les lieux qu’il a déjà visité/mitraillé. Dans le cas de Christchurch, le terro va plusieurs fois dans les mêmes pièces, et surtout sort du bâtiment pour aller à sa voiture, changer d’arme et revenir sur les lieux du crime plusieurs minutes après. Il est donc important quand on sait le tireur éloigné de continuer à appliquer le principe du Run / Hide / Fight : fuir à l’opposé (y compris en passant par les fenêtres), ou se barricader jusqu’à l’arrivée des forces de l’ordre
  • Se barricader marche. Dans la vidéo, on peut voir au moins 3 portes fermées sur le chemin du tireur, à aucun moment il n’a essayé de les ouvrir ou de tirer au travers. Il va au plus simple, là où les portes sont ouvertes, là où il peut se mouvoir aisément, là où il perçoit du mouvement ou entend des sons
  • Faire le mort ne marche pas. Des rumeurs avaient couru après le Bataclan que certains survivants s’étaient cachés sous les corps d’autres victimes, se faisant passer pour mort. Je ne sais pas si c’est vrai, et le cas échéant, ça a pu marcher au Bataclan vu le volume & la concentration des victimes (concert oblige), mais souvent ça ne marche pas. Le 13 mars 2019, il y a eu une fusillade dans une école au Brésil, là aussi une vidéo a circulé. Et comme dans le cas de Christchurch, le(s) tireur(s) fou(s) prend(prennent) le temps d’aller tuer les blessés ou tirer une seconde fois dans les corps gisant sur son(leurs) passage(s). La tactique de rester sur place est faire le mort est moins efficace que Run/Hide/Fight, sauf dans une situation de blessure grave empêchant de fuir/se-cacher/se-battre
  • Ne pas jouer au héro. Dans Run/Hide/Fight, il y a « Fight », mais uniquement si les 2 premiers choix sont impossibles… pas en mode « je vais sauver tout le monde et je me précipite de loin sur le tireur qui a son arme dans ma direction ». Et dans le « fuir », il faut bien le faire dans la direction opposée au tireur. Ça parait évident, mais à Christchurch, on voit des personnes allaient en direction du tireur (fuite ou rébellion, je ne sais pas), qui se font immédiatement exécuter. Dans les journaux, il y a des témoignages de « héros » ayant fait fuir le tireur… plusieurs sont morts, et on peut se demander s’ils ont vraiment fait fuir le tireur
  • Bouger attire l’œil. Les tirs génèrent immédiatement une panique (encore plus visible d’ailleurs sur la vidéo de la fusillade brésilienne), mais très rapidement, c’est le calme plat et plus rien ne bouge dans le champ visuel du tireur. Et dès qu’une personne bouge, son regard est attiré et il tire
  • Repérer un rechargement pour déguerpir, ou intervenir. A Christchurch, et je crois aussi sur une vidéo des Kouachi à Charlie Hebdo, on peut voir que les rechargements des fusils d’assaut prennent parfois plusieurs secondes, ou mal se passer (chargeur échappé, mal enclenché…). Les tireurs le savent, cela demande un peu d’entraînement pour que ce soit fait rapidement et avec le stress, on peut mal enclencher le chargeur. Dans la vidéo, une personne fuit au loin lors d’un rechargement, elle a bien choisi son moment. A de nombreuses reprises quand on voit le tireur de Christchurch, on se dit « un seul homme armé dans les parages, et ce serait terminé », car il est parfois vraiment lent à recharger, et même s’il a le réflexe de reculer dans le couloir pour opérer son changement de chargeur au début, ensuite il ne prend même plus cette peine de mise à couvert

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