Ah la rentrée, début septembre, toujours un grand moment pour les associations sportives (un club de self-défense est souvent une « association sportive », même si le côté « sportif » est discutable) qui enchaînent forums et autres promotions pour faire le plein d’adhérents (idéalement de pratiquants) pour la saison, jusque fin juin. Et chaque année, il y a plus ou moins de churn… pardon « attrition » en français, c’est-à-dire d’adhérents de l’année passée qui ne reviennent pas.

Soit dit en passant, un club professionnel (de quelque activité qu’il soit) se doit de comprendre ce churn, donc le suivre d’une année sur l’autre et comprendre clairement les raisons qui motivent les départs, sans se voiler la face… cela peut être parce que l’adhérent déménage à l’autre bout de la France, mais aussi parce qu’il est déçu du cours, de l’ambiance du club ou d’autres éléments dont les organisateurs du club n’ont pas conscience (ou se foutent…). Anyway

Et vous, Chloé la frêle demoiselle récemment enquiquinée dans le métro par un gros pervert, Julien le City-boy en costume-cravate qui doit aller bosser à Aubervilliers tous les jours cette année, Djibril 1,95m 90kg qui a envie de savoir se défendre autrement qu’en faisant les gros yeux, Maurice qui a envie de se bouger le c**… cherchez un club de self-défense !

Pas évident de donner le même conseil de club à Chloé, Julien, Djibril ou Maurice. Et je parle pas de Jean-Hubert ^^

Chaque année, les médias qui supportent la pratique du sport répètent comment bien choisir son sport, son club… je vais le répéter ici aussi, en mode compact et spécifique à la self-défense :

A – les généralités

  • Peu importe la discipline que vous allez choisir, c’est le prof qui compte
  • Plus le club est près de chez vous, moins vous avez de risques d’abandonner en cours de saison (notamment après les fêtes de Noël, que l’on s’est arrêté deux semaines et qu’il fait froid)
  • Faites un cours d’essai, et jauger (1) la qualité du professeur et (2) l’ambiance du club
  • Un bon prof n’est pas forcément un champion, il ne faut pas juger ses techniques mais sa pédagogie et son relationnel (voir plus bas)
  • Une bonne ambiance dans un club est souvent la conséquence d’un prof respecté et apprécié de toutes et tous, et qui veille à la sécurité de la pratique ; plus il y a d’anciens, plus cela se vérifie, donc pour un club jeune ou avec beaucoup de churn, c’est plus aléatoire, surtout en début de saison avec beaucoup de débutants (donc ce critère est à relativiser). Concrètement, observez les autres pratiquants, leur diversité, leur attitude (respect, politesse, niveau technique, humilité, contrôle, entraide, sourires)… ne cherchez pas l’uniformité, mais un environnement constructif et divers, c’est là que vous apprendrez le plus

B – mon avis perso

  • Si vous voulez faire les choses bien (mon côté un peu analytique parfois, ça ne parle pas à tout le monde, pas d’inquiétude vous pouvez aussi le faire au feeling), vous testez 4-5 clubs sur Septembre, avec un petit tableau comparatif pour choisir. Les colonnes du tableau sont : Club, Qualité humaine de l’instructeur, Qualité pédagogique de l’instructeur, Ambiance du club, Distance p/r à la maison/bureau, Adéquation des créneaux à mon emploi du temps, Tarifs pratiqués, Divers
  • Quelle méthodologie est enseignée ? Si vous partez vraiment de 0 et n’êtes pas à l’aise avec votre corps dans l’espace, optez au début pour un club qui met l’accent sur la pratique de techniques et sur la forme technique (pour progresser sur votre maîtrise corporelle et compréhension de votre biomécanique personnelle), mais dès lors que vous êtes un peu sportif et à l’aise avec votre corps, alors préférez une pédagogie où l’on vous apprend des principes (techniques, tactiques, de défense) que vous allez devoir adapter à vous… c’est ainsi beaucoup plus simple à intégrer (car plus personnalisé) que des arsenals techniques très codifiés dont certaines techniques ne vous correspondront pas. Un professeur avec une approche par principe doit par définition avoir une pédagogie plus personnalisée… il sera moins maniaque sur la forme technique, et devra adapter ses conseils de progression à chacun

C – quelques critères pour vous aider à apprécier un instructeur dans un club de self-défense

  • Connait-il Protegor ? (si ce n’est pas le cas, partez immédiatement avec pertes et fracas) — Mais non, je blague
  • Prend-il le temps, au début, pendant ou à la fin du cours de vous présenter rapidement ce qu’il fait ? (par politesse, pour vous mettre à l’aise, et vous donner les premières clés de compréhension de son cours)
  • Prend-il le temps, à la fin du cours de vous demander ce que vous avez pensé du cours ? (si oui, il cherche du feedback, ce qui est la base pour un professeur qui souhaite améliorer son enseignement)
  • Est-ce lui ou bien un de ses gradés qui fait l’échauffement (si échauffement il y a…) ? Et la suite du cours ? (difficile à voir sur un seul cours, mais l’idée est ici de voir si le professeur délègue l’échauffement juste parce que c’est chiant, ou bien parce qu’il est dans une phase de construction complète d’un assistant… alors dans ce cas l’assistant a un rôle pendant tout le cours, y compris un rôle pédagogique)
  • Que fait le prof pendant les exercices ? il va voir tous les binômes, seulement certains (toujours les mêmes ?), il discute dans un coin avec un pote ? (selon le nombre de binômes, il peut ne pas être possible de voir tout le monde à chaque exercice,… il vaut mieux passer un peu de temps avec quelques binômes à chaque exo et les faire progresser, qu’être au pas de course et ne pas avoir le temps d’apporter une vraie analyse au travail effectué)
  • Comment se comportent les « gradés » du club avec les débutants ? avec le professeur ? (un respect trop appuyé envers le professeur peut être mauvais signe (côté sectaire), une attitude potache trop amicale aussi — on n’est pas au bar du coin non plus, on est là pour progresser en se faisant plaisir et dans une bonne ambiance)
  • Quel est le discours du professeur à ses élèves (langage précis ? explications claires ?) ? quel est la part de parole vs. entraînement (gros tchatcheur ou bien à l’inverse n’explique-t-il rien) ? le professeur pose-t-il des questions aux élèves pendant le cours (échange ou monologue) ?
  • Quand le professeur vous décrit un exercice s’approchant d’une situation d’agression, vous semble-t-il réaliste dans les hypothèses qu’il prend et dans les termes qu’il emploie ? (cette question n’est pas simple à répondre quand on est débutant, mais pourtant elle est clé dans le bon choix du club d’auto-défense… si tous les exercices vous ont semblé très compliqués à mettre en oeuvre, si le professeur pense que l’on peut attraper un coup de poing au vol, si l’enseignant est très sûr de lui face à une attaque au couteau… il y a un doute à avoir)
  • Que ce soit dans les vestiaires ou au début / fin du cours, les gradés ou le professeur parlent comment des autres clubs, autres professeurs, autres disciplines ? (le monde des arts martiaux & sports de combat est souvent un monde de guerres de chapelles… trouver un club ouvert qui ne critique pas les autres et invite même ses pratiquants après un certain niveau à aller tester d’autres arts est le must)
  • Quand vous êtes rentré chez vous, au calme le soir après ce cours d’essai… vous vous sentez bien ? apaisé(e) ou apeuré(e) ? rassuré(e) ou stressé(e) ?

Pour des exemples de clubs de self-défense à tester, voir ici.

Et un article à lire ici sur la self-défense féminine.

Allez, on profite de Septembre pour essayer plusieurs cours et choisir un club de self-défense pour toute l’année (et les suivantes !)

Un autre article à lire ici (page 14).

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5 Commentaires

  1. Jean-Hubert T.

    M’enfin qu’est ce que j’ai encore fait 🙂

  2. A propos que pensez vous de ce club de self féminine :
    http://www.amg92.fr/les-disciplines/self-defense-feminin/presentation.html

    • Rien, je ne les connais pas.
      Et puis à chacun de voir et de se faire sa propre opinion ; un club peut plaire à certains et déplaire à d’autres ^^

      Cela dit, intéressant de parler « section féminine ». Il est intéressant d’ouvrir de telles sections, car les besoins des femmes en SD et la pédago à employer sont spécifiques. On n’enseigne pas la SD aux femmes strictement pareil qu’aux hommes (ni qu’aux ados, aux seniors, aux PMR, etc.). C’était un peu l’idée de cet article : https://protegor.net/2016/04/self-defense-pour-les-femmes/
      Du coup, bonne idée d’avoir isoler une telle section, maintenant à voir comment la pédago est adaptée et est-ce que les femmes qui fréquentent cette section progressent par rapport aux risques auxquels elles peuvent faire face, avec un gros zoom sur ce qui est harcèlement de rue (donc beaucoup d’exercices de réactions face à des violences verbales), et tentatives de viol (plus rares chez les mecs). La petite difficulté logistique pour un club d’ouvrir une telle section est d’avoir des mecs dispo pour jouer aux agresseurs pendant les cours & mises en situation

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