Une étude récente publiée dans le magazine Agressive Behavior (article Third Party Involvement in Barroom Conflicts) et reprise aussi dans le journal University Herald, basée sur l’analyse de 860 bagarres qui ont eu lieu à Toronto en 2004 (on notera donc déjà le caractère « culturellement nord-américain » de l’étude… donc les résultats seraient sûrement sensiblement différent en France/Europe), et qui tire les conclusions suivantes :

– Les personnes témoins d’une bagarre de bar sont plus susceptibles d’intervenir pour tenter d’arrêter la bagarre, si la bagarre est très violente ou donne l’impression qu’elle peut devenir très violente

– 30% des bagarres sont généralement stoppées par l’intervention d’un tiers, notamment sur des bagarres homme contre homme

– si l’on zoom sur les incidents entre homme & femme, seulement 17% entraînent l’intervention d’un tiers ; l’interprétation des scientifiques sur cette statistique est que l’intervention est moindre car les témoins pensent qu’il y a peu de chance que l’agression devienne sévère/dangereuse (moi je me dis aussi qu’il y a un cliché social qui pousse à la non-intervention quand un couple s’engueule, car c’est considéré « affaire personnelle » avec risque que les deux se retournent contre le tiers… ce qui n’est pas le cas quand il n’y a pas d’amour en jeu)

– 65% des bagarres interrompues par un témoin, le sont généralement sans violence (paroles ou bien séparation physique sans coup échangé)

– Le taux d’intervention est plus élevé quand les belligérants apparaissent saoûls ou drogués

– Dans les années 60, d’autres scientifiques avaient identifié le « bystander effect », ou l’effet de non-intervention car on pense que quelqu’un d’autre va le faire. Il semblerait que l’étude actuelle montre que cet effet est notablement moins fort dans les cas de bagarres très violentes (ce qui rejoint le 1e point)

Vous, vous avez observé quoi dans les bagarres de bar ?

Merci à Joe Bereta & Elliott Morgan pour l’info

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14 Commentaires

  1. Bjr,
    Perso je ne traîne pas les bars, je préfère le calme de la Nature que l’expression alcoolisée de l’humain.
    Je ne bois pas donc rien à faire dans ces établissements.
    @+

    • Réponse tout à fait recevable 🙂

    • Tu veux une médaille, Chris? Il a posé une question, il attend une réponse, pas que tu crâne avec des « oh lala, je vis sainement, regardez moi, regardez moi! »

      • Bjr,
        Dans une étape de ma vie, j’étais SPV et être appelé pour des personnes avinées, j’ai eu mon compte…nettoyer le vomis dans le VSAB c’est très sympa comme activité ludique.
        Par conséquent je déteste l’alcool et c’est ma règle de vie.
        Le meilleur moyen pour éviter un problème, c’est de ne pas le provoquer.
        Je crois qu’on nomme cela la Prévention.
        @+

    • Dans protegor, j’évoquais le curseur personnel à trouver & à placer entre « trop de sécu » & « trop d’inconscience ». C’est personnel. On peut ne pas aimer les bars (je ne suis pas un très grand fan perso). Après, moi il m’arrive d’y aller souvent car la vie sociale est ainsi faite, en tous cas la mienne (et quand on a un petit appart, c’est bien pratique pour voir des amis).

      Mais selon sa vie sociale et son choix de sécu perso, on peut décider de ne pas aller ds les bars. C’est un peu extrême si seulement basé sur la sécu perso, mais si sa vie fait que l’on n’a pas vraiment de contexte pour y aller, pourquoi pas.

      NB : après si on veut affiner, il y a bar et bar… et horaires. Mon juste milieu c’est d’aller dans des bars où il ne se passe jamais rien car fréquentés par des non-excités (question d’âge aussi peut être)

      Mais en effet, on s’éloigne de la question posée 🙂

  2. Etude intéressante mais qui est assez « américanisée ».
    Pour ma part, 15 ans de travail de nuit sur Marseille m’amènent aux conclusions suivantes.
    Bar ou autre lieu « semi public », l’intervention dans un conflit :
    – est toujours dangereuse (on forme nos stagiaires au DTI, technique du Z, angle d’abordage)…mais rien n’est sûr
    – la présence du public autour joue énormément dans sa résolution
    – la méthode d’exfiltration du plus faible est parfois préférable
    – enfin l’effet« bystander effect » est de plus en plus présent

    Une expérience: dans une rixe le fait de crier « attention au couteau » peut avoir des effets intéressants. http://www.gesivi.fr

  3. Perso, la personne alcoolisée est ma principale crainte quand je sorts. Je vis dans une ville fêtarde où l’alcool semble faire partie d’une culture centrée autour du rugby et un passage obligé dans la vie estudiantine. Je déteste ça. C’est l’émulation dans un groupe, l’attitude de la foule qui me semble prépondérante plus que le talent de celui qui s’interpose. C’est pour ça que je m’équipe seulement d’un koppo stick, par exemple, pour gentiment réveiller celui qui aurai l’esprit un peu trop « embué » par l’alcool.

  4. Robert Marchenoir

    Cette étude me semble basée sur un scénario traditionaliste, presque obsolète.

    Celui où la plupart des gens dans le bar se connaissent, et où la bagarre obéit à un rituel théâtralisé, plus qu’à la volonté de faire mal.

    Parions que les résultats auraient été tout autres, si le cadre de l’étude avait été : « agression dans la rue à dix contre un », « rixe à la sortie d’une boîte de nuit » ou « agression cigarette », toutes situations beaucoup plus caractéristiques de la vie contemporaine que la bonne vieille « bagarre dans un bar », que l’on regretterait presque.

    • Ce n’est pas basé sur des scénarios mais sur des cas de bagarres déclarées aux autorités… sur plus de 800 bagarres, on peut espérer que ce soit représentatif de la réalité de la société étudiée (en l’occurrence Toronto).

      Il serait juste intéressant que plusieurs études soient faites dans des villes différentes, pour voir un peu si la tendance identifiée se vérifie ou pas du tout.

      Il est déjà certain qu’en Asie les résultats seront différents.

  5. Bonjour, Maire Adjoint chargé de la sécurité d’une ville de 15000 habitant en limite région parisienne. Les bagarres de gens alcoolisées sont toujours l’immense majorité des rixes.
    Et ce n’est pas un rituel mais un affrontement très agressif, ou l’alcool est le déclencheur et en même temps par l’ivresse et le manque de coordination des adversaires l’élément qui permet d’expliquer le peu de conséquences graves. Les bagarres de bar ne sont ni bonnes ni vieilles, il faut aller sur le terrain et pas se contenter de regarder les info de TF1

  6. ok,
    je vous fais un petit topos d’ici fin Aout, mais la plus grosse évolution a priori, c’est les agressions par des malades psy. Il y a quelques années on en avait aucune, mais aujourd’hui avec les coups budgétaires dans les hopitaux psychiatriques, les médicaments moins remboursés et la diminution de praticiens, les cas d’agressions sont en augmentations.

  7. Étudiant à Rennes, le quartier étudiant où les fêtes sont très très alcoolisées, il y a des dizaines de bastons par soir du jeudi au samedi soir. Et c’est très rarement tragique.

    En général c’est 1 mort par an à coup de couteau dans une rue en périphérie de la célèbre « rue de la soif ». C’est dommage pour la personne concernée et c’est souvent pour des causes futiles. Il y a parfois des personnes qui sortent avec des séquelles des rixes et autres agressions. Mais le sentiment de hausse de ces comportements est faussé par le manque de données statistiques sur les années passées et une surmédiatisation des faits divers.

    Si l’on remonte 10 ans en arrière, les jeudi soirs, la rue de la soif étaient très régulièrement vidée par les CRS à coup de lacrymo. Si on remonte encore plus en avant, dans des villes plus petites, dans les ports de commerce breton, on retrouvait plus d’un marin suriné. Le sentiment d’insécurité est exagéré. Clairement l’ambiance est borderline, dans le sens où parfois le droit ne règne plus (bruit, alcoolisation dans la rue, bagarre, deal, agression) mais c’est très marginal en comparaison de la masse de personnes réunies au même endroit au même moment.

    Et à mon humble avis la politique en matière de sécurité de la ville est très bonne. Plutôt que d’empêcher la vie étudiante et ses dérives avec une présence policière à outrance et des décrets sur la fermeture des bars, c’est les moyens de réponse en cas d’incident qui ont été améliorés. Les secours sont réactifs et efficaces, les enquêtes de police ont un taux de réussite correcte dans les faits divers des nuits d’ivresses.

    C’est impossible d’empêcher les débordements sans ruiner la vie de la nuit générée par le nombre d’étudiant et la réputation sulfureuse du quartier. Il faut accepter cette part marginale de méfaits en essayant d’en minimiser les conséquences.

  8. Thanorval

    Étude purement nord-américaine à mon avis. En France, il faudrait différencier le bar estudiantin du troquet du coin, etc. Qui plus est, la fonction du bar n’est pas non plus la même dans le Nord que dans le Sud-Ouest. Pour l’étude en elle-même, je m’interroge sur son caractère représentatif (pour le coté technique, avons-nous atteint une distribution stable ?). Observer les gens dans les bars est cependant très révélateur du comportement humain (OK, de certains comportements) ; je conseille cette pratique à toute personne amenée à évoluer, même rarement, dans le monde de la nuit (quitte à sortir, autant ouvrir les yeux). Personnellement, en cas de bagarre sérieuse, je finis rapidement mon verre et je quitte les lieux. Je suppose que la personne expérimentée aurait quitté les les lieux avant la bagarre, la sentant venir…

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