Plusieurs d’entre vous m’ayant questionné sur quels livres acheter à part Protegor, j’ai pensé sortir certains livres de ma bibliothèque pour vous les présenter et vous dire ce que j’en pense.

Je vais vous parler cette fois d’un livre acheté en février 2012 aux US, « Facing Violence » de Rory Miller. Rory Miller est un ancien officier pénitencier, reconverti dans la formation aux gardiens de prisons (aux US, en Irak). Le livre est récent, puisque publié en Mai 2011. L’éditeur est YMAA.

Le sous-titre est parlant : « Facing Violence, preparing for the unexpected – Ethically, Emotionally, Physically (… and without going to prison) » / « faire face à la violence, se préparer à l’imprévu – moralement, émotionnellement, physiquement (… et sans aller en prison) ».

Malgré une qualité de papier & de mise en page assez médiocre, je recommande la lecture de ce bouquin car il s’attarde longuement sur tout ce qui n’est pas le simple combat : les aspects légaux, moraux, les types de violence, l’évitement, les moyens de fuir, la désescalade de la violence, le stress, …

L’auteur a découpé son livre en 7 chapitres qu’il considère un ensemble complet (« MECE » dirait-on dans le milieu du management, un principe général à utiliser pour structurer son esprit)  : les aspects légaux & moraux, la dynamique de la violence, l’évitement, la contre-embuscade, le « freeze », le combat, l’ « après ».

Quelques concepts intéressants relevés dans ce livre et cités à titre d’extrait, que je vous livre en vrac :

Les 4 rituels de violence sociale :
– la « Monkey Dance » (e.g. affrontement crescendo de 2 mâles qui veulent montrer qui est le plus fort)
– la « Group Monkey Dance » (ou effet de groupe)
– le « Educational Beat-Down » (ou la leçon, que ce soit pour la victime ou pour ceux qui regardent)
– le « Status-Seeking Show » (ou le sociopathe)

Les 2 types de prédateurs :
– le prédateur « Ressource » (celui qui cherche un bien, le résultat de l’agression)
– le prédateur « Process » (celui qui cherche l’acte de l’agression)

Une phrase qui parle à tous (pas nouveau, mais ça montre que l’on est bien aligné) :
« Not being there is always the best solution in self-defense »

Quelques techniques de self-défense sont présentées dans le livre, l’une est appelée « la cape de Dracula » qui permet de se protéger la tête & le cou, tout en percutant avec le coude… (voir photo).

 

En conclusion

Un bouquin de plus de 200 pages, imprimé sur du papier journal et avec une mise en page très basique, mais au contenu « sécu perso » très intéressant.

– Contenu : 15/20

Une analyse des types de violence très intéressante, et des points de vue d’un professionnel ayant fréquenté (en prison) de nombreux types de prédateurs.

– Contenant : 7/20

Du paperback américain classique, noir & blanc, papier journal, très peu de photos/schémas (et le cas échéant, de mauvaise qualité)

COMMENTAIRES RESEAUX SOCIAUX

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9 Commentaires

  1. un extrait d’une trentaine de pages au format pdf est téléchargeable sur le site de l’éditeur:
    http://ymaa.com/files/B2139-FacingViolence.pdf

  2. Bjr,

    Merci pour cela.

    En ce qui me concerne, je suis anglophobe.
    Dans ta collection, aurais-tu des bouquins formateurs en langue française?

    Mis à part le tien qui est excellent 😉

    @+

  3. Merci pour l’info.

    J’ai lu (avec difficulté) quelques extraits disponibles sur le net : très intéressant !
    Je crois que cela mérite que je retravaille mon anglais

  4. Bonjour,
    J’ai lu ce livre, plusieurs fois déjà. Quelques remarques au passage.

    *La partie consacrée à la défense d’un point de vue légal repose sur le système légal USA, c’est pourquoi les personnes sur le territoire français ne peuvent pas vraiment s’appuyer sur cette partie. Mais il propose une manière d’articuler la situation a posteriori qui est intéressante et applicable par toutes et tous, indépendamment du territoire. Pour prouver qu’il y avait une menace et légitime défense, il faut mettre à jour i) une intention de nuire, ii) les moyens de le faire, iii) une opportunité d’atteindre par ces moyens, iv) une préclusion (impossibilité de s’en sortir par un autre moyen).

    *Les parties sur la violence dynamic et l’avoidance sont très instructives, mais je pense que l’une des sections les plus utiles est en fait la partie sur l’éthique. Il propose de réaliser des expériences de pensées et réelles pour tester nos limites psychologiques dans des situations extrêmes, en faisant varier les conditions des circonstances (situation de base: une menace avec intention, moyen, opportunité, on a une arme. Kill or not kill? Nature de la menace: adulte, enfant, femmes, etc. Circonstances: endroit isolé, devant sa famille, devant une caméra vidéo, etc). Et il montre bien dans ce passage, mais aussi dans d’autres sections, que la morale et les habitudes de courtoisie quotidienne, peuvent gravement nuire à ses chances de survie.

    *Les distinctions sur les type de « freeze » sont vraiment intéressantes.

    *J’aime bien aussi les détails, les petites phrases utiles qui parsèment le livre. Par exemple (je cite de mémoire, la section avoidance): « Fakers try to act crazy; real mentally ill people try to act normal » (Les menteurs vont essayer d’avoir des comportements de fou; les personnes réellement malades vont essayer d’avoir des comportements de gens normaux.)

    *Le livre est considéré par l’auteur comme une suite de Meditations on violence (http://ymaa.com/publishing/meditations_on_violence_rory_miller).

  5. Une suite au message que j’ai rédigé.

    Il y a un concept très important dans le livre que l’auteur exprime par l’expression « othering », qui désigne en fait la capacité à attribuer à autrui un degré d’humanité. Ce qui va faire la différence (dans la catégorisation relevée dans le billet) entre le « process predator » et le « ressource predator », c’est le degré d’humanité que le prédateur attribue à sa proie: de 0 (cas du process predator, qui a cessé de considérer sa victime comme une personne humaine) à un peu (cas du ressource predator, qui fait ce qu’il peut pour se « mentir » à lui-même, afin d’obtenir la ressource qui le motive à agresser une personne). C’est aussi ce qui va faire la différence entre les rituels de violence et la violence asociale: une monkey dance n’a pas de sens avec un animal d’une autre espèce, car il vise à établir une hiérarchie sociale au sein d’un groupe d’individus de la même espèce. Autrement dit, si vous êtes victimes d’une monkey dance, vous êtes automatiquement reconnus comme humain (idem pour la group monkey dance, le educational beat down et le status seeking show). Dans la violence asociale, la capacité à attribuer à autrui le statut d’humain est « turn off », le prédateur est en mode apathique (pas d’empathie envers autrui).

    J’ai mis pas mal de temps à trouver l’expression exacte qui allait avec ce concept, car « othering » (altérisation?), a une signification philosophique précise, mais peu adéquate avec l’idée de Rory Miller. Il s’agit en fait du concept de « dehumanization » (fr: déshumanisation). J’ai eu un petit échange avec Rory Miller, pour lui demander si cela correspondait bien à sa théorie, et il a validé.

  6. Bonjour et merci a Guillaume pour ce partage sur ce livre que vais commander sans attendre, une bonne suite apres ton super libre Protegor! et merci a Mikolka pour ses commentaires ;0)

  7. Thanorval

    Je trouve ce bouquin un peu redondant avec « Méditation on violence ». Le livre est cependant bien écrit et si le papier est de qualité médiocre, il est imprimé de manière « écologique » (au sens où il bénéficie de plusieurs labels), avec un prix abordable. Du même éditeur, je conseille aussi le « Black book ».

  8. Et depuis, il y a les tres intéressants Neurocombat Vol 1 &2., et tout en français

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